La ballade des Pendus ou epitaphe Villon
La ballade des pendus a été écrit en 1462 par François Villon.
François Villon est le plus connu des poètes du moyen âge Français. Impliqué dans une bagarre au cours de laquelle un notaire a été blessé par un de ses compagnons, François Villon est arrêté, torturé et condamné à mort. Il fait appel de la sentence. Lors de son incarcération il écrit la ballade des pendus, son poème reflète sa peur de la décomposition des corps. Le 05 janvier 1463, la sentence de peine de mort est commuée en 10 ans de bannissement.
François Villon était issu d'une famille pauvre, son père est mort lorsqu'il était encore enfant. Il est élevé par le chanoine de Saint-Benoît-Le-Bestourné, maître Guillaume de Villon. François le considérait comme un père et adopta le nom de Villon afin de lui rendre hommage.
A plusieurs reprises, François Villon a été confronté à la justice dans sa vie. En juin 1455, lors d'une bagarre, François Villon est blessé et tue le prêtre Philippe Sermoise, qui l'aurait apparemment provoqué. François Villon est Banni et surnommé « Michel Mouton » En 1456, il commet un vol avec effraction au collège Navarre. De 1457 à 1461, François Villon mène une vie d'errance. En été 1461, Villon fut incarcéré pour des raisons inconnues par l'ordre de l'Evêque d'Orléans, cet emprisonnement le marqua profondément. Il a été libéré le 2 octobre grâce à l'arrivée de Louis XI dans la ville.
Après avoir échappé à la peine de mort en 1463, François Villon semble avoir disparu, on n' entend plus parler de lui.
La ballade des pendus
Frères humains, qui après nous vivez,
N'ayez les coeurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis[1].
Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça[2]dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s'en rie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Se frères vous clamons[3], pas n'en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis[4].
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l'infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous harie[5],
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis.
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés[6],
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Prince Jésus, qui sur tous a maistrie[7],
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie :
A lui n'ayons que faire ne que soudre[8].
Hommes, ici n'a point de moquerie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
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[1] Mercis = pardonnés
[2] piéça = depuis longtemps
[3] Se frère vous clamons = si, frère, nous vous appelons
[4] rassis = posé, modéré
[5] Ame ne nous harie : que personne ne nous tourmente
[6] Cavés = creusés
[7] Qui sur tous à maistries = qui sur tous à autorité
[8] A lui n'ayons que faire ne que soudre = que nous n'ayons rien à faire avec l'enfer, ni rien à lui payer.